Comment placer la confiance ?
- Philomômes
- 24 janv. 2021
- 6 min de lecture
Mardi 19 janvier 2021

Résumé - Comment placer la confiance ? 1ère partie : Avant de la placer, définissons Comment s’élabore la confiance ? entre caractère, vécu, culture et interprétation – A qui a-t-on envie de la confier ? - La confiance est-elle un placement ? - Pourquoi la confiance ? - seul, on ne peut pas tout savoir ou tout faire - on a besoin d’un alter ego - en groupe, protéger la propriété individuelle (matérielle ou de vie) des désirs individuels divergents ! Comment s’établit-elle ? de façon naturelle ou par une volonté sociale ? - la cellule familiale créé le premier cocon naturel de la confiance - une nécessité tacite pour coexister et se protéger en communauté - un calcul d’intérêts réciproques et des risque pris - l’établissement de pouvoirs, d’institutions pour contraindre les désirs individuels - + l’instauration de contre-pouvoirs, des évaluateurs pour contrôler ces pouvoirs Les philosophes anglosaxons se sont beaucoup penchés sur la question. Est-elle toujours un bon placement ? Qu’apporte la méfiance ? En seconde séance nous verrons : « comment la placer ? » autour des questions listées .
1/ 5 minutes en individuel pour Les questions que soulèvent la question.
2/ 5 minutes pour les mots approchants ou contraires
3/ Graviter autour du concept par le questionnement
4/ Propositions
Avant de penser à la placer nous sommes passées par la question, « comment se gagne-t-elle ? » :
La confiance est une relation au minimum à 2 humains. Ainsi vont rentrer en ligne de compte :
- Expériences vécues
- Caractères
- Interprétation de ces expériences
- Système social, éducationnel (échelle de valeurs) dans laquelle les individus vivent.
Exemples : Relation à la vérité en Chine : c’est ce que le manager dit – Système mafieux : loi du silence omerta établie comme norme, socle du groupe.

A qui donne-t-on sa confiance ?

Cf. plus bas. Russell Hardin, penseur américain « les intérêts enchassés » : « Dire « je te fais confiance » signifie que je sais, ou que je pense savoir, des choses pertinentes à ton sujet, en particulier concernant tes motivations à mon égard. » Do we want trust in government ? 1999
Enfin nous avons vu 2 sous-entendus de la question initiale :
1/ La confiance serait un placement. Etes-vous d’accord ?

2/ Le « comment » nous conduit d’abord à dégager le second sous-entendu : faut-il absolument placer la confiance ? quelles sont les causes et les conséquences néfastes possibles ?

Pour Mark Hunyadi « La confiance est un rapport pratique au monde, à l’environnement matériel, aux autres, aux institutions ». Cf. plus bas.

Et inversement en quoi la méfiance ou la défiance pourraient-elles être saines ?
D’autres sous-questionnements : La confiance est-elle naturelle ou construite en société ? Qui fera confiance en premier ?
Et d’autres suivront en seconde partie d’atelier :
La confiance est-elle naturelle ou construite par un contrat social ?
Hobbes- Locke - Hume 17ème 18ème siècles
Thomas Hobbes (1588-1679) débute le Léviathan (1651, son chef d’œuvre de philosophie politique) en prenant cette analogie : les hommes = boules de billard mues par forces galiléennes (forces d’inertie)= leurs désirs. Ces boules de billard, hommes mus par leurs désirs ne s’arrêtent que si une autre force vient les heurter ou les bloquer. Si elles ne rencontrent aucune résistance, elles pourraient suivent leur trajectoire, suivant la force d’inertie, soit de leurs désirs. D’après Hobbes, un ordre social ne peut être possible que grâce à un pacte, soutenu par un souverain au-dessus de tous les hommes dont les décisions prévalent aux désirs divergents individuels.
NB : Hobbes ne dit jamais que l’homme est méchant ou belliqueux. Son modèle est mécanique : l’homme est motivé par son propre désir individuel.
C’est un calcul rationnel de survie qui les conduit à organiser et légiférer sur ces forces.
Alors où se trouve la confiance ? Pour Hobbes « la confiance est le seul lien des pactes ». Oui car finalement c’est elle qui est la clé de voute du système.
Ce qui reste vrai dans notre monde moderne : système monétaire, boursier, judicaire, démocratie, contrat. Personne ne peut se faire confiance et pourtant c’est la confiance qui va faire tout tenir (paradoxe aussi d’aujourd’hui).
John Locke (1632-1704) poursuit en partant de la propriété (et non des désirs) -matérielle comme de sa vie- qui doit être protégée par le gouvernement.
≠ Locke/ Hobbes est contre une monarchie absolue. Il propose un contrôle continu du peuple sur son gouvernement. Celui-ci pouvant être démis s’il se détourne de sa mission. --> Institutionnalisation de la défiance (= je me fie avec des précautions) – naissance des audits, protocoles d’évaluations, agence de contrôles, etc.. ) + droit de résistance reconnu
David Hume (1711- 1776) : confiance innée chez l’homme
Chez Hume, l’homme a des ressources morales au départ « une générosité limitée ».
1/ Cellule familiale où l’amour supplée la confiance
2/ soucis nous n’avons pas d’amour spontané envers les étrangers.
3/ convertir cette hostilité en intérêt bien compris soit en volonté de coopérer
Image de 2 étrangers avec un chacun une rame dans une barque, au bout d’un moment leurs mouvements vont s’harmoniser. Un ajustement des comportements afin d’avancer ensemble.
à Convention tacite avec l’autre car je me rappelle les bienfaits de la coopération familiale
4/ si je ne coopère pas, je fais cavalier seul, je vais perdre la protection du groupe, de la communauté.
Plusieurs autres façons de décrire la raison d’être de la confiance :
- Russell Hardin (1940-2017) penseur américain :
Je ne fais confiance que si je sais comment l’autre va se comporter à mon égard « les intérêts enchassés » [encapuslated]. Ainsi on ne peut pas faire confiance à un gouvernement puisque que je ne peux pas connaitre tous ses membres pour savoir s’ils sont motivés à me faire du bien. Utilitarisme, rationalisme, égocentrisme
- sociologues allemands G. Simmel (1858-1918) et N. Luhmann (1927-1998)
Il est impossible de tout savoir à pour pallier le déficit d’information, d’aptitudes, et réduire l’incertitude, il faut que je fasse confiance.
N. Luhmann : Si vous n’êtes pas vous-même mécanicien et que vous voulez acheter une voiture d’occasion, il faudra faire confiance (ou non ) à votre vendeur.
à la confiance s’établirait quand le risque est estimable et que l’effort pour faire les choses sera jugé difficile. Balance Risque/ effort
G. Simmel : confiance fondée sur des hypothèses du comportement d’autrui
-Pour Mark Hunyadi, philosophe suisse d'origine hongroise, toute action humaine s’ensuit d’une attente mais elle n’est pas forcément un calcul.
¤ « La confiance est un pari sur les comportements attendus ». Une voiture qui roule en face ne va pas changer de voie.
¤ « La confiance est un rapport pratique au monde, à l’environnement matériel, aux autres, aux institutions ».
Pour Mark Hunyadi, « Elle est la force de liaison sociale élémentaire » avant la reconnaissance réciproque (A. Honneth), la communication verbale (J Habermas), la résonance (H. Rosa).
Qui fera confiance en premier ? 2 façons de voir
· L’une « donner pour recevoir » : être toujours le premier car sera toujours gagnant , je me valorise en étant magnanime, ayant une grandeur d’âme, une attitude noble (stoïciens, René Descartes)
+ je fais confiance + cela me rend optimiste et + cela me donne un confort dans le monde.
- Les autres m’accordent leur confiance par effet réversif : J’accorde ma confiance --> l’autre a envie de se montrer digne de cette estime et donne sa confiance en retour.
- Je me sens valoriser retour de confiance en soi
· L’autre plus pragmatique : Quand un lien se construit, c’est la moins vulnérable des 2 personnes (matériellement et psychologiquement) qui devrait accorder sa confiance en premier. Le patron pour avoir ensuite la loyauté de ses employés, le parent à ses enfants etc… et dans les relations de couple … la personne vulnérable n’est pas toujours celle qu’on croit 😊
La personne la plus solide est celle qui a le moins à perdre si elle était trahie donc le premier pas lui coutera moins.
Source philosophie magazine n°142
En seconde séance Jeudi 4 février 20h45 - en ligne
nous aborderons : « comment la placer ? » autour de ces questions listées en groupe et organisées ici :
Un calcul ? Comment ? Gain : - Doit-on la gagner ? Ou faut-il la donner d’emblée ? La confiance s’apprend-elle ? Se transmet-elle ? Quel rapport à la confiance selon l’âge ? Perte : - Est-ce possible de faire confiance sereinement ? Peut-on regagner la confiance après l’avoir trahie ? Sans trahison la confiance est-elle immuable ? Quand perd-t-on confiance ?
Société/ équipe : - Est-ce qu’une société humaine peut vivre sans confiance ? Quelle relation de la science et la religion avec elle ? Est-ce que la confiance est liée à l’appartenance à un groupe ? Une équipe doit-elle avoir confiance pour être efficace ? Est-ce que la confiance se rapporte à la relation à l’autre ? Sommes-nous libres dans ce placement de confiance ? / La confiance est-elle contagieuse comme la méfiance ?
Confiance en soi : - Qu’appelle-ton confiance en soi ? Est-ce que l’équilibre entre les gens est lié à leur confiance en soi ? Est-ce possible d’avoir trop de confiance en soi ? Comment transmettre la confiance en soi ?
Doit-on avoir confiance en soi pour faire confiance aux autres ?
Précision sémantique à méditer sur « avoir confiance en soi » et « être sûr de soi »
Confiance du latin confidere : cum, « avec » et fidere « fier » signifie qu'on remet quelque chose de précieux à quelqu'un, en se fiant à lui et en s'abandonnant ainsi à sa bonne foi sans tout savoir.
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