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Hommage à Samuel Paty - avec les enfants

Ateliers de philosophie sur cet attentat avec les enfants Semaine de rentrée des établissements français 2 au 6 novembre 2020 Objectifs : · Permettre aux enfants de s’exprimer sur cet événement traumatisant · Apporter des précisions et éclaircissements si nécessaire · Susciter la réflexion sur nos droits, le vivre en société Articulation des séances : 1- Reprendre les événements : ce que nous avons entendus / compris 2- Qu’est-ce qui vous choque ? 3- Discussion liberté d’expression, les lois, les droits, la caricature, la circulation d’information, les réseaux sociaux, nos responsabilités, …. La réalisation dans les classes et ateliers périscolaires : Dans toutes les classes et groupes, j’ai repris avec les participants ce qu’ils avaient entendus, compris sur cet attentat, informations venant de l’école, des médias (télévision essentiellement), des parents et entourage. Nous avons mis à plat les faits et identifié les informations vérifiées, déformées, non validées. Cette partie permet de constater comment l’information circule. Elle permet de partir avec toute la classe sur un même niveau d’informations avérées et communes. Exemple d’échanges avec les enfants : « Il a fait des dessins méchants sur quelqu’un » « Qui a fait les dessins ? » « Non ce n’est pas le professeur qui a fait le dessin, c’est un journal. » « Connaissez-vous le nom du journal ? … Que représentait le dessin ? Qu’est-ce qu’une caricature ? » etc. Comme les adultes, les enfants n’entendent et ne retiennent pas tous l’information de la même manière. Certaines informations sont très déformées, d’autres partiellement exactes et certains enfants peuvent restituer un déroulé des faits très détaillé. Puis j’ai demandé à chacun des groupes ce qui les choque dans cet évènement. Cette étape permet de comprendre comment les enfants qualifient cet acte et interprètent la succession des faits, à quoi ils s’attachent le plus. Exemples de propos d’enfants : - le choc qu’un professeur ait été tué en faisant son travail, en suivant le programme demandé - la disproportion : meurtre contre des mots, un dessin montré - Qu’on se permette de tuer tout simplement - la manière dont Samuel Paty a été tué - dans le Coran, il n’est pas écrit qu’on a le droit de tuer - certains ont été particulièrement choqué par l’attitude du père, parent d’une élève n’ayant pas participé au cours et s’exprimant de façon haineuse et irresponsable sur les réseaux sociaux -une autre classe a insisté sur les enfants qui ont désigné au tueur le professeur en échange d’une somme importante… A partir de cette base, il était possible de partir sur différents axes de discussion. Bien sûr la liberté d’expression et ses limites en pays démocratiques ont été discutées dans tous les groupes. Toutefois chaque atelier a été particulier car dans chaque classe, des thèmes différents ont été abordés. Je les liste ci-dessous. Certains thèmes pourraient être poursuivis en classe avec leur professeur ou en atelier de philosophie.

  • Qu’est-ce que la caricature ?

  • Jusqu’où peut-on aller avec les caricatures, l’humour ? (Exemples de positions de la France, du Danemark ou du New York Times international)

  • Doit-on toujours être gentil ?

  • Désirs et limites

  • Quel est le pays où la sécurité ainsi que la liberté sont le mieux respectées ?

  • Comment se sentir protéger ?

  • Comment équilibrer liberté et sécurité ?

  • Liberté, dangers et responsabilité sur les réseaux sociaux

  • Comment vivre le multiculturalisme ?

  • Charte de la laïcité. Pour ou contre ?

  • Circulation de l’information « j’ai entendu que … » Comment vérifier la véracité de ce qu’on lit, entend, voit ?

  • Le droit de tuer

  • Peut-on tous faire attention les uns aux autres ?

  • Où va-t-on quand on est mort ?

Contexte présenté lundi 2 novembre en Réunion des personnels

Intervention Barbara Hotton Alster :

Suite à l’assassinat terroriste de M. Samuel Paty, il m’a été demandé de présenter les faits et de les contextualiser, lors d'une réunion spéciale des personnels enseignants.

Je n’aurai pas dû connaitre le nom de cet homme : Samuel Paty. Désormais, il résonne, il m’impressionne, il m’interroge sur nous.

Samuel Paty était un professeur d’histoire-géographie de Conflans-Sainte-Honorine, en Ile-de-France.

Lors d'un cours d'enseignement moral et civique sur la liberté d'expression, il utilise le 6 octobre 2020 un exemple d’actualité : 2 des caricatures de Mahomet publiées dans le journal Charlie Hebdo, qui ont été le prétexte à l'attentat meurtrier contre ce journal en 2015. Selon d'anciens élèves, il faisait ce cours chaque année.

Cette année 2020 se tient en France le procès des auteurs de l'attentat ayant visé la rédaction du journal Charlie Hebdo en 2015. A cette occasion, le 1er septembre 2020, Charlie Hebdo a publié à nouveau ces caricatures, à l’origine danoises de 2006, ce qui a suscité des appels à représailles provenant du Pakistan. Ces appels se traduisent rapidement à Paris par un attentat le 25 septembre 2020 près des anciens locaux de Charlie Hebdo.

Cette année, le cours de Samuel Paty et sa personne sont décriés sur les réseaux sociaux par un parent d’élèves puis le militant islamiste radical Abdelhakim Sefrioui. Ils divulguent par vidéos qui deviennent virales, via Facebook, Whatsapp, son nom et l'adresse de l'établissement scolaire où il exerce.

Le 16 octobre 2020, en sortie de cours, en pleine rue, non loin du collège, un homme de 18 ans russe d'origine tchétchène, Abdoullakh Anzorov assassine Samuel Paty à l’arme blanche en le décapitant.

L’assassin est abattu quelques minutes après l'attentat par la police.

Un hommage national est rendu à Samuel Paty, à la Sorbonne le 21 octobre 2020.

Les écoliers de France et des écoles françaises à l’étranger reviennent de congés ce lundi 2 novembre. Que dire ? Que faire ?

Cet acte nous horrifie de toute sa violence.

- Violence inouïe de la disproportion : des mots contre une vie humaine. Nous sommes projetés dans des temps archaïques de nos civilisations.

- Violence sur nos terres de paix depuis maintenant plus de 70 ans

- Violence d’agresser un homme qui consacre sa vie à l’éducation d’enfants

- Violence quand les moyens de la technologie moderne conduisent au passage à l’acte.

Ce nouvel attentat touchant le corps éducatif, les manifestations qui ont suivi dans différents pays contre les propos d’Emmanuel Macron sur la liberté d’expression, et maintenant encore d’autres attentats qui se succèdent, nous obligent à nous positionner fermement.

Certes ces caricatures touchant au religieux peuvent offenser. Doit-on pour autant les interdire ? ou se trouve la limite de la liberté d’expression ? Là où elle ne blesse pas l’autre ? Là où elle ne ment pas ? Alors où serait la vérité ? Qui en décide ? Que tolère-ton ? Comment faire avec le multiculturalisme ?

Dans notre pays républicain, la loi sur la liberté de la presse depuis 1881 permet la critique de la religion. Par contre elle ne permet pas, par exemples, la révision de faits historiques ou la diffamation d’un individu. La laïcité à la française, La séparation de l’état et du religieux, le droit à la critique de l’un et de l’autre, sont des choix de société, des avancées que nous considérons comme modernes. Des remises en question de ces droits se font entendre partout dans le monde (même en Europe).

A nous de nous positionner, à nous de choisir, ce que nous voulons pour nos sociétés, nos enfants. Que voulons-nous comme pacte républicain ?

Il nous faut exprimer nos idées à haute voix et avoir cette réflexion avec les enfants.

Les droits édifiés à coup de luttes sont toujours plus rapides à déconstruire. Aujourd’hui la discussion doit être ouverte avec nos enfants pour nous préparer pour être vigilant.


 
 
 

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